Mourinho, the Greatest One

Mercredi dernier, CR7 recevait à Turin son ancien club de Manchester United, entraîné par son ancien manager, José Mourinho. Le Special One a volé la vedette à son compatriote grâce à une victoire de son équipe dans les dernières minutes (1-2), mais surtout en effectuant un chambrage dont lui seul a le secret. Quand l’approche du football n’a jamais été aussi singulière.

Avant ce match retour de LdC, la Juventus de Turin, c’était 0 défaite en phase de poules de C1 depuis décembre 2009, 0 défaite toutes compétitions confondues depuis le début de saison, pas plus d’un but concédé depuis 13 matches… puis José est passé. Mourinho a réussi un coup de maître en dessapant la Juve de sa cape d’invincibilité, sur son propre terrain. N’ayant que peu apprécié les insultes proférées par les supporters turinois envers lui et « sa famille intériste », le Portugais s’est chargé de rappeler qui il était en sortant une grimace légendaire, oreille tendue en mode Draxler, à l’attention de ses hôtes du soir. Réplique classique du Special One.

Provocant. Exécrable. Anti-football. Tous les reproches sont légitimes envers sa personne, tant son comportement va à l’encontre de la bienséance du football moderne. Mais on ne peut pas lui en vouloir éternellement, son CV plaide pour lui : 8 championnats nationaux, 4 coupes européennes, des coupes nationales et des distinctions individuelles qui ne se comptent plus sur les doigts… en moins de 20 ans de carrière, dans 4 pays différents. Ce palmarès dingue, l’ancien traducteur de Bobby Robson le doit à une formule parfaitement dosée entre passion, adversité et pragmatisme.

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Throwback : Carles Busquets (père de), Luis Enrique, José Mourinho et Pep Guardiola, en mode Barça 97/98.

Passion à l’état pur

En costard, en survêt’ ou en pull, Mourinho vit ses matches avec passion et émotion, sans la moindre retenue. Quel que soit l’enjeu, il est capable de jubiler au nez et à la barbe de ses adversaires, en allant embrasser tous ses joueurs, jusqu’au troisième gardien de son équipe. L’apogée de ses célébrations reste encore celle d’un soir de demi-finale retour de Ligue des Champions au Camp Nou. Il était alors au commandement de l’Inter et avait réussi l’exploit de contrer les attaques ravageuses du grand Barça de Guardiola. On se souvient tous de sa traversée de terrain tel un streaker, doigt levé vers le ciel, et de Valdés essayant vainement de l’arrêter, le “seumomètre” rouge flamboyant. Mythique.

A l’inverse, le Portugais peut être très rancunier, comme souvent lorsqu’il revient dans son ancien jardin de Stamford Bridge. Le bonhomme n’avait guère apprécié les sauts de joie d’Antonio Conte quand son équipe mancunienne avait perdu 4 à 0 en octobre 2016. C’est d’ailleurs à partir de ce moment-là que Mourinho vouera une haine viscérale envers son homologue italien. Plus récemment, il s’était brouillé avec l’adjoint de Sarri qui était parti exulter à deux mètres de lui. Quand l’hôpital se fout de la charité.

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En toutes circonstances, le Portugais veut que les projecteurs soient tournés vers lui. Il faut imaginer cette passion qui envahit le Mou comme un flux d’énergie qu’il veut redistribuer à ses joueurs, afin de les galvaniser et de les tirer encore plus vers le haut. Les joueurs doivent sentir que Mourinho est l’homme qui peut les faire gagner. En revanche, il n’hésite pas à fustiger ses joueurs publiquement lorsque ceux-ci ne se montrent pas à la hauteur de ses exigences (Benzema, Pogba, tmtc). Oui, le Mou peut être très dur avec ses protégés. Et quand les performances collectives commencent à inquiéter les observateurs, le Portugais sait très bien détourner l’attention vers lui pour masquer les carences de son équipe. Et il sait le faire de différentes manières, comme avec l’éviction de la kiné de Chelsea Eva Carneiro, un feuilleton qui avait duré plusieurs mois en 2015.

L’élément perturbateur du beau jeu 

S’il y a bien un aspect de la méthode Mourinho qui fait débecter tout adorateur du beau jeu, c’est bien son pragmatisme. Face à des équipes qui aiment faire circuler le ballon, l’entraîneur mancunien sait que la meilleure façon de gagner, c’est de bétonner et de marquer sur coup de pied arrêté. Autrement dit, pour contrer le football total, il faut pratiquer le football zéro. La solidité défensive doit être la clef de son jeu. Et tous les moyens sont bons : tacles durs sur l’adversaire, actions d’anti-jeu, avant-centre qui se mute en arrière-droit (n’est-ce pas Eto’o ?)… Guardiola et Wenger, tous deux adorateurs du beau jeu, ont beaucoup pâti de leurs face-à-face avec la tactique neutralisante du Mou.

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Une rivalité légendaire : Wenger (2V) – (7N) – Mourinho (10V).

Pour que ses directives soient suivies à la lettre, le Portugais n’hésite pas à ramener ses anciens et fidèles soldats comme Matic à Manchester, Essien au Real, ou encore Carvalho à Chelsea, prêts à faire le sale boulot pour lui. Mais cette méthode s’applique au détriment des artistes comme Özil, Mata et Mkhitaryan qui, malgré leurs capacités techniques au-dessus de la moyenne, ne se sont pas beaucoup régalés sous les ordres de Mourinho. Özil l’avait d’ailleurs détesté pour ça, lui qui s’était fait traiter de « lâche » devant tous ses coéquipiers par le coach portugais, car il ne récupérait pas assez de ballons. L’Allemand a finalement compris où Mourinho voulait en venir avec son approche, avouant même son amour pour lui. Ibrahimovic, Lampard, Drogba… The Special One a su dresser les egos des plus grands joueurs. Il sait comment tirer le meilleur de chacun d’eux, tout en canalisant leur melon.

La “durée de vie” moyenne du Portugais dans un club est estimée à 3 ans. C’est plutôt exceptionnel dans le football moderne, pour un coach qui tourne dans les plus grands clubs européens. Partout où il est passé, José Mourinho n’a jamais laissé personne indifférent. Jamais aucun autre coach de football n’aura laissé une telle empreinte dans l’Histoire, malgré son absence de style de jeu. Parce que ce qui compte au final dans le sport, c’est de gagner.

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Et le Mou triompha finalement du grand Barça lors de la saison 2011/2012.

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