Laurie Cunningham, la perle noire

Il existe des Hommes qui marquent les esprits par des actes héroïques, des faits sportifs ou sociétaux notoires, ou plus simplement par leur charisme et leur exceptionnelle présence dans nos vies. L’un d’entre eux coche les trois cases : Laurie Cunningham. Retour sur la carrière d’une légende du football, mais également symbole d’un combat social et professionnel sur sa terre de naissance.

Jeunesse et premiers pas

Laurence Paul Cunningham nait le 8 mars 1956 de parents jamaïcains à Archway, un quartier en plein cœur du district d’Islington à Londres. Issu d’un milieu ouvrier, Laurie vit aux alentours du Finsbury Park, où se trouve une grosse communauté caribéenne, et grandit surtout à une époque où la soul music et la funk américaine se développent et s’exportent à travers le monde. Bon vivant, la soul façonne Laurie dans sa vision de la vie, mais également dans sa manière de jouer que l’on développera tout au long de ce papier. Fils de Jockey, Laurie baigne très tôt dans l’univers du sport. Il se révèle être doué dans les disciplines sportives et se prédestine dans un premier temps à la danse.

Un élément qui a son importance car son adresse sur les pistes de danse conditionnera ensuite sa coordination de mouvements sur les prés européens. Habitué du Tottenham Royal, une discothèque qui l’a vu enflammer la piste de danse régulièrement, il est également amateur de tenues extravagantes, en portant régulièrement des chemises flashy, mais aussi des chaussures, costumes et cravates en cuir verni. Un style sortant de l’ordinaire et qui se retrouvera très tôt dans son jeu et qui lui posera quelques soucis au démarrage de sa carrière.

Laurie Cunningham et son style excentrique

Venons en maintenant au football. Laurie Cunningham tape dans son premier ballon très jeune. A 14 ans il est repéré par Arsenal et fais des essais. Durant ces années, le racisme est le problème social numéro 1 et beaucoup de joueurs noirs sont licenciés des centres de formation et Laurie est rapidement rattrapée par cette réalité. Les dirigeants d’Arsenal diront qu’ils ne veulent pas de ce « football flashy ». Qualifié de « mauvais matériel », il est remercié deux ans plus tard. N’abandonnant pas son rêve ni ses efforts, son coach de club du dimanche lui dégote un essai à Layton Orient. Laurie y fera la connaissance d’un coach qui, en son temps, fut une référence du football en Angleterre : George Petchey, ex-milieu défensif connu pour être rugueux et assimilé à un général au milieu de terrain.

Le coach anglais fera des merveilles, puisqu’il permet au joueur brouillon et désorganisé d’affiner toutes les facettes de son jeu, et en fait un des plus gros talents de son époque outre-manche. Layton Orient en profite alors pour l’enrôler et lui faire signer son premier contrat professionnel. Paul démarre sa carrière professionnelle le 1er juillet 1974. La légende est en marche. Sous les ordres de George Petchey qui l’a coaché en jeune, Laurie Cunningham démarre avec celui qui l’a façonné. Sa première entrée en jeu et déjà un rush suivit d’une transversale pied gauche pour trouver la tête de son partenaire. Son ex-coéquipier et capitaine Bobby Fisher sera de suite conquis et demandera au coach de ne plus le sortir du onze de départ.

Laurie Cunningham sous les couleurs de Layton Orient, aux prises avec trois joueurs adverses, une image qui se fait de plus en plus récurrente

Le jeu de Laurie Cunningham convainc les sceptiques, mais surtout fait changer une première fois les mentalités et inverse les tendances racistes de son époque. Sa vitesse supersonique, ses dribbles chaloupés, son élégance balle au pied digne des plus grands esthètes du football changent rapidement les critiques en louanges. Souvent ciblé par ses adversaires pour son jeu (et sa couleur de peau), il n’en est pas moins résistant et agile pour se défaire des tacles les plus rugueux et autres traitements de faveurs qui lui sont réservés. Laurie Cunningham se retrouve alors surnommé The Black Pearl (la perle noire). Sous les couleurs rouges de l’est de Londres, il fait trois premières saisons de haut vol et devient rapidement le phénomène du football anglais.

Explosion et ascension d’un bijou footballistique

Le 1er mars 1977, Laurie Cunningham est débauché de Layton Orient par West Bromwich Albion (WBA) pour 160 000 livres sterling. Un choix de carrière synonyme de progression logique pour l’ailier d’origine jamaïcaine qui s’adapte rapidement à sa nouvelle équipe et se fait rapidement adopter par son nouveau public. Il finit la saison en trombe et séduit l’opinion publique au point d’être sélectionné avec l’Angleterre. L’été de la même année, WBA s’offre les services d’un joueur qui deviendra un de ses plus fidèles amis : Cyrille Regis. La saison démarre en trombe avec un cinglant 3-0 face à Chelsea en D1 anglaise. Le duo est aligné 1 semaine plus tard en League Cup dans une victoire 4-0 face à Rotterham United, qui fait suite à une déroute à Anfield face à Liverpool. Très vite, les deux hommes se cherchent, se trouvent, se comprennent sur les terrains (mais aussi en dehors).

Le duo se fait rapidement un nom outre-manche et devient une valeur sûre du championnat, s’offrant entre autre le scalp de Manchester United (4-0), Manchester City (1-3) ou encore Everton (3-1). Un exercice de bonne facture qui permet à WBA d’accrocher la sixième place et de participer à la Coupe de l’UEFA (C3). Cela est dû au fait que bien que seul le champion d’Angleterre (Nottingham Forrest) est censé participer à la Coupe d’Europe des Clubs Champions (C1), Liverpool, second de D1 anglaise participe à la C1 en tant que tenant du titre. En League Cup, les Hawthorns s’imposent 1-0 face à Watford avant d’être éliminé au tour suivant par Bury sur la plus petite des marges. Enfin en FA Cup, le club atteindra les demi-finales de la compétition. Les Hawthorns peuvent se targuer d’avoir battu sur son chemin Blackpool (4-1), Manchester United (1-1 puis 3-2 au replay), Derby County (3-2) mais surtout le champion d’Angleterre de cette saison Nottingham Forrest (2-0).

Laurie Cunningham, Cyrille Regis et Brendon Batson, les Three Degrees

La saison 1978-1979 est la dernière saison de Laurie Cunningham à West Brom, mais surtout la saison de l’explosion à l’échelle européenne et des changements de mentalités en Angleterre. L’été 1978, WBA se sépare de son coach irlandais Johnny Giles et nomme le natif de Liverpool Ron Atkinson. Entre Laurie et Ron nait alors une relation unique avec le technicien anglais, qui, comme un père, l’éduque footballistiquement. Bon négociateur, Big Ron persuade Brendon Batson, le latéral droit de Cambridge United, de le rejoindre à West Brom : Les Three Degrees sont nés. Les Three Degrees, composé de Laurie Cunningham, Cyrille Regis et Brendon Batson sont les trois hommes noirs qui ont combattu le racisme qui sévissait en Angleterre dans les années 1970. Un trio d’hommes qui, par leur charisme et leur niveau, ont constitué un trio qui a secoué les consciences sociales par le sport. Un trio qui a changé pour l’éternité le football britannique par son panache, son talent, son jeu et simplement sa joie de vivre. Cela va se traduire par des résultats probants. Cyrille Regis était sans doute le plus célèbre, Brendon Batson le premier joueur noir à avoir porté les couleurs d’Arsenal, mais Laurie Cunningham restait le plus aimé du trio. Bien qu’en League Cup, WBA ne passe pas le second tour contre Leeds United (0-0 puis 0-1 au replay), la FA Cup les voit s’arrêter au stade des huitièmes de finale face à un Southampton plus réaliste que nos artistes du moment. Mais c’est surtout en Division 1 et en Coupe de l’UEFA que le trio va briller le plus fort, et notre perle noire émerveiller les amoureux du football.

Un exercice de haut vol en D1 symbolisé par sa « masterclass » à Old Trafford dans une victoire 3-5 de West Bromwich Albion. Des rush coté droit, des temporisations et accélérations du tempo comme bon lui semblait, un but limpide, une frappe croisée pied droit qui n’a laissé aucune chance aux mancuniens. Une tornade qui a emporté toute la défense de United, un déferlement de quatre-vingt-dix minutes qui a mis au supplice une défense adverse complètement à la rue. Un match mémorable qui faisait suite à une performance de très haute volée quelques jours avant contre un Arsenal d’un Tom Brady (sacré joueur de la saison) totalement dominé et qui n’a encaissé que deux buts (2-1 score final). Une saison où seul le Liverpool, qui sera sacré champion cette saison là, aura résisté à la bourrasque bleue et blanche. Un exercice de haut vol avec une perle noire buteur contre Manchester United et Liverpool au cours de la saison, qui verra les Hawthorns finir à la troisième place du championnat anglais.

Laurie Cunningham, ici après le coup de sifflet final contre le Valencia CF à Mestalla lors du 1/8 aller de C3

En C3, Laurie Cunningham impressionne pour ses premières nuits européennes. Le premier tour oppose la bande des Three Degrees à Galatasaray. Un match qui se solde par une solide victoire 1-3 grâce à un doublé du pied droit de la perle noire à l’extérieur et un ballotage plus que favorable pour la qualification au tour suivant. Au retour, les hommes de Big Ron s’imposent sur le même score avec un Laurie Cunningham buteur sur penalty. Au tour suivant, WBA est opposé à Braga. Un match aller à l’extérieur rondement mené grâce un cleansheet et un doublé de Cyrille Regis, un retour des plus tranquille et un succès sur la plus petite des marges sur une réalisation de Alistair Brown et nous voici en huitièmes de finale. WBA est confronté au Valencia CF de Mario Kempes et Rainer Bonhof. Le match aller se déroule à Mestalla, dans une ambiance identique au calme avant une tempête. Un match marqué par la classe, le génie la bourrasque Laurie Cunningham, qui fera alors une réelle exhibition de son talent fou au public espagnol. Auteur d’une climatisation dès la quarante-huitième minute, le public découvre ce qui est certainement le meilleur joueur du monde à cette époque. Amateur d’esthètes balle au pied, la presse espagnole et le reste du monde du football se rend compte du bijou qu’est Laurie Cunningham.

Le match retour est chargé en dramaturgie. Une ouverture du score dès la cinquième minute des locaux par l’intermédiaire de Tony Brown sur penalty. WBA tient un exploit en sortant un ogre européen et en se qualifiant en cas de victoire pour le tour suivant. Les assauts de Valence se répètent, se font inlassables, WBA réponds et continue d’attaquer sans cesse. C’est finalement l’héroïque Tony Brown qui d’un doublé, scelle la victoire d’une volée croisée pied droit sur un centre de Cunningham venu de la droite. West Bromwich Albion se qualifie pour la première fois de son histoire en quart de finale d’une coupe d’Europe, en écartant une référence de la compétition et grandissime favori. Une double confrontation qui aura été vue par les dirigeants du Real Madrid, qui n’hésiteront pas à enrôler le prodige anglais malgré l’élimination au tour suivant face au futur finaliste, l’Etoile Rouge de Belgrade.

Brendon Batson, à coté de la statue qui représente le trio qu’il formait avec Cyrille Regis et Laurie Cunningham.

Cette saison restera dans les anales du club, comme étant l’une si ce n’est LA meilleure saison de l’histoire du club. Le trio n’aura existé qu’une saison, mais aura quand même bien mérité sa statue pour son impacte dans le football britannique.

La perla negra et le début de la malchance

Débauché à prix d’or (195 millions de pestas) et joueur le plus cher de l’histoire du club à ce moment là, Laurie Cunningham arrive dans la peau d’une superstar. L’opinion publique du foot estimera qu’il s’agit d’un prix digne du meilleur joueur du monde. Le transfert est historique, puisque Laurie Cunningham devient le premier joueur anglais à porter le maillot du Real Madrid, et le deuxième joueur noir du club, longtemps après une autre légende du football : le brésilien double champion du monde Didi en 1959.

Au milieu des stars et des symboles du club de la capitale espagnole, il fera la connaissance et se liera d’amitié avec le joueur le plus aimé de l’histoire par peuple madridista, le seul numéro 7 qui a son chant à Santiago Bernabéu : Juan Gómez González, dit Juanito. Une amitié sincère entre deux personnages des plus attachants, deux ailiers aussi à l’aise à droite qu’à gauche qui aiment le foot et ne cessent de jouer l’un pour l’autre et permutent, deux hommes au destin tragique, comme s’il était écrit quelque part que leur amitié les feraient se ressembler jusque dans la mort. Un destin qui réunit ces deux faces d’une seule et même pièce footballistique.

Laurie Cunningham le 10 février 1980 dans le cadre d’un clásico au Camp Nou, où il y sera ovationné

Pour sa première saison au sein de la Casa Blanca, Laurie Cunningham impressionne. Il pratique son meilleur football et enchaine les performances de hautes volées. Parmi tous ces matchs, un match fera de lui une légende unique dans le club de Madrid. Le 10 février 1980, le Real Madrid se déplace au Camp Nou pour y jouer un clásico toujours tendu et souvent décisif dans la saison pour l’attribution du titre. Une victoire madridista en terre catalane sur le score de 0-2 que Laurie Cunningham marque de son empreinte. Absolument tout y est passé dans le match : ses extérieurs du pied tranchants et exquis (dont un qui sera une passe décisive), sa vitesse folle, sa vélocité balle au pied, son sens du jeu inné, sa polyvalence, ses changements de rythme et cette grâce qui le caractérisait tant. Une performance qui lui vaudra ni plus ni moins qu’une ovation du Camp Nou, du jamais vu pour un joueur du Real Madrid. Un fait qui le place parmi les tous meilleurs dans l’histoire quand on sait qu’un Alfredo Di Stéfano avant lui ou un Cristiano Ronaldo après lui n’ont jamais eu droit à cet honneur de la part du rival. Une chose qui n’était jamais arrivée auparavant dans l’histoire des clásicos et qui ne sera réédité que par Ronaldinho, puis Andrés Iniesta à Santiago Bernabéu bien des années après. La saison se conclura par un doublé Liga-Copa Del Rey de la part du Real Madrid et Laurie Cunningham devient un des chouchous du Bernabéu avec Juanito.

La saison suivante sera celle du début de la malchance pour Laurie Cunningham. Une élimination en quart de finale de la Copa Del Rey à domicile contre le Sporting de Gijón, un titre en Liga perdu contre la Real Sociedad avec le même nombre de points qui glane son tout premier titre en championnat, la faute à un goal-average particulier sur la double confrontation entre le club basque et le club de Madrid. La Real Sociedad avait gagné 3-1 à domicile avant de perdre 1-0 à Santiago Bernabéu. Mais la plus grande des désillusions reste cette finale perdue de C1 contre Liverpool. Dans un Parc des Princes prêt à sacrer ses nouveaux rois d’Europe, Laurie Cunningham se démènera pour ramener le sacre qui lui aurait sans doute accordé encore plus de gloire dans la postérité et ne l’aurait pas fait tomber dans l’oubli aujourd’hui. Malgré un duo Juanito-Cunningham remuant, Liverpool a su faire dos rond et s’est admirablement défait de l’équipe qui l’avait le plus inquiété depuis le début du tournoi. Dans ce qui était une opération reconquête de son bien, cédé depuis deux ans au surprenant Nottingham Forrest de Brian Clough qui les avait tenu en échec et alors qu’ils étaient encore les tenants du titre, Liverpool s’est montré plus réaliste en ayant été à plus d’une reprise au bord du précipice.

Laurie Cunningham, ici aux prises avec la légende de Liverpool Phil Neal lors de la finale de Coupe d’Europe des Clubs Champions 1981 au Parc des Princes

La suite de l’aventure en terre espagnole de l’ailier anglais ne sera plus aussi enchantée qu’au début, les blessures le tueront à petit feu. Seulement cinq matchs joués en 1981-1982 qui le verra tout de même remporter la Copa Del Rey, avant d’être prêté à Manchester United où il y disputera cinq matchs puis de plier bagage.

Renaissance éphémère et fin de carrière en dent de scie

L’ailier anglais tente de relancer sa carrière. La saison 1983-1984, il est prêté par le Real Madrid au Sporting de Gijón qui le recrute pour l’aider à rebondir et la perla negra réalise un exercice complet (30 matchs joués) avant de découvrir un nouveau championnat : la Ligue 1.
Fraichement promu de deuxième division française pour la saison 1984-1985, l’Olympique de Marseille en profite pour le faire signer et bénéficier de l’expérience de l’anglais. Une saison complète (33 matchs joués) qui permet à l’OM de se maintenir dans l’élite française. Etant gagné par le mal du pays, Laurie Cunningham revient en Angleterre, plus précisément sous les couleurs de Leicester City. Mais les blessures le rattraperont de nouveau et il ne jouera que 15 matchs sous le maillot des Foxes.

Laurie Cunningham lors d’un Olympique de Marseille-Paris Saint-Germain

Laurie Cunningham est contacté ensuite par un club de Madrid en D2 : le Rayo Vallecano. Sous le maillot des Franjirrojos, il joue 37 matchs lors de la saison 1986-1987, avant d’être prêté à Charleroi en Belgique où il n’y disputera qu’un seul match. Il sera ensuite transferé une saison à Wimbledon, surnommé le Crazy Gang pour son jeu des plus agressifs et fous possible sur et en dehors des terrains. Il n’y jouera que sept petits matchs, mais il jouera surtout la finale de FA Cup qu’il remportera dans une victoire contre… Liverpool ! Un clin d’œil du destin cocasse quand on sait qu’il jouait sur une jambe dans l’équipe la plus physique du royaume, lui l’artiste balle au pied qui au sommet de son art n’avait pas battu Liverpool quelques années plus tôt en finale de C1. Après cette épopée et cette victoire parfaitement improbable, la perla negra retourne au Rayo Vallecano jouer la saison 1988-1989. Ce sera la dernière saison de sa carrière et il y disputera 19 matchs. Le 15 juillet 1989, Laurie Cunningham décède tragiquement dans un accident de la circulation à Madrid, quatre ans avant que son ami Juanito ne le rejoigne dans des circonstances identiques.

Profil d’une légende

Laurie Cunningham était promis à la grandeur et à la gloire, mais il a croisé la malchance. Malchance soulignée par Juanito lui-même qui disait le plus grand bien de la perla negra, mais également était le plus malchanceux. Laurie Cunningham était pour son époque un ailier complet, un véritable game changer capable, d’une simple accélération, de déposer l’entièreté d’une défense. Véloce, solide physiquement, extrêmement rapide, esthète, intelligent, Laurie était un véritable génie balle au pied. Un jeu pur et beau, un artiste maitre de l’extérieur du pied au point de frapper ses corners de l’extérieur du pied droit. Ron Atkinson soulignait son mélange de grâce et de vitesse en disant que Laurie serait capable de courir sur la neige sans laisser de traces de pas.
Son ami et ex-coéquipier Vicente Del Bosque dit de Laurie Cunningham qu’il avait un talent égal à celui de Cristiano Ronaldo et un profil quasi-identique, un mélange de puissance, de vitesse, d’adresse et d’efficacité dans le jeu encore rare. Un homme doué de magie footballistique pure qui aura su conquérir les cœurs de ceux qui le croisaient et le cotoyaient. Bien entendu, nous sommes dans l’ère des stats et des chiffres, alors considérer un ailier qui n’a jamais dépassé les dix buts dans une saison comme une légende relèverait de l’hérésie pour certains aujourd’hui.

Laurie Cunningham sous les couleurs de la sélection anglaise

Laurie Cunningham était comme son surnom l’indique une perle en tant que footballeur mais également en tant qu’homme. Il est le symbole d’un combat qui a permis aux joueurs de football noirs de s’affirmer et de prouver qu’ils sont aussi bons, si ce n’est meilleurs que les autres. Véritable successeur de Clyne Best, le premier joueur noir à avoir porté les couleurs d’un club de l’élite anglaise (West Ham), Laurie Cunningham est le premier joueur noir à avoir porté les couleurs de la sélection anglaise à tous les niveaux. Malgré seulement six sélections, il a bousculé les mentalités et combattu le racisme avec sa joie de vivre et son talent. Un homme qui a servi de source d’inspiration à Ian Wright, légende d’Arsenal. Un homme qui a servi de source d’inspiration à Paul Ince, joueur passé par Manchester United, Liverpool ou encore l’Inter Milan, et premier capitaine de couleur de l’histoire de la sélection anglaise. Un homme qui a décomplexé un John Barnes, légende de Liverpool, mais aussi Viv Anderson, vainqueur de la C1 avec Nottingham Forrest. Tant de grands noms dont il a été le modèle ou le métronome tant sur les prés qu’en dehors.

Une perle d’homme alliant force de caractère, détermination, bonté humaine et symbole d’une lutte contre l’un des plus vieux fléaux en ce bas monde en Angleterre. Un homme qui a aussi bousculé les mentalités franquistes qui persistaient malgré la prise de pouvoir de Juan Carlos depuis 1975, lors de son passage au Real Madrid. Un homme qui est également une source d’inspiration pour l’homme qui vous dresse le portrait de cet immense homme et joueur. Un personnage des plus attachants dont l’histoire ne doit pas être oublié, et dont la qualité ne doit pas être occultée dans nos classements des plus grands du sport roi.

Abdou lad