
Le départ de Thiago Silva, officiel depuis un moment après l’interview de Leonardo dans le Journal du Dimanche, sonne le glas d’un premier gros chapitre de l’ère QSI au Paris Saint-Germain. Symbole du Paris Saint-Germain dans les échecs comme dans les succès, Thiago Emiliano da Silva fût l’objet de critiques nombreuses et de louanges rares pour ce personnage clivant. Retour sur le parcours d’un casque d’or aux qualités mentales décriées lors de son aventure parisienne.
Qatar Sport Investments : une construction rapide et méthodique
Avant d’évoquer le passage de la légende parisienne, un planté de décor s’impose. Nous sommes en été 2011: Qatar Sport Investments (QSI) rachète 70% des parts du Paris Saint-Germain à Colony Capital. Le chapitre Colony Capital est plus que mitigé : si on dénombre deux trophées (une Coupe de la Ligue et une Coupe de France) ainsi que quelques participations européennes, le club joue sa survie dans l’élite du foot français. Le PSG frôle notamment la catastrophe lors de l’exercice 2007-2008 et un maintien arraché face à Sochaux, lors de la dernière journée avec un doublé salvateur d’Amara Diané. Dès lors, l’ambition de QSI est clairement affichée : faire de Paris un grand d’Europe.

Un nouveau projet voit le jour dans la ville lumière, avec d’immenses attentes pour un club qui doit déranger l’ordre établi par les historiques du vieux continent (le Real Madrid, le Bayern Munich, la Juventus Turin, etc.) et devenir le symbole des ambitions qataries à l’international. Pour cela, les dirigeants de QSI, par l’intermédiaire de Nasser El-Khelaïfi qui devient le PDG du club, s’entourent d’anciens de la maison parisienne (Leonardo, ancien joueur du PSG et nommé Directeur sportif du PSG) et de personnel ayant déjà officié dans un grand club (Jean-Claude Blanc, ancien Président de la Juventus et nommé Directeur exécutif du PSG) afin de constituer le board supposé les amener au plus haut. A noter que le réseau en Italie des deux hommes servira de base pour les premiers recrutements de l’ère QSI.
La 1ère saison est celle de la transition. Une saison nécessaire pour amorcer la transition du club vers un statut de candidat à chaque trophée mis en jeu sur la scène nationale et, à terme, sur la scène européenne. D’un point de vue sportif, Leonardo pose les bases avec un recrutement des plus intelligents : il enrichit l’effectif de départ avec des joueurs d’expérience à moindre coût (Mohamed Sissoko, Maxwell, Alex, Thiago Motta et Diego Lugano) et recrute des talents qui émergent sur le territoire national comme Blaise Matuidi du coté de Saint-Étienne ou encore Kévin Gameiro qui évolue alors à Lorient. Leonardo fait fonctionner ses réseaux efficaces en Italie pour rapatrier Jérémy Ménez de l’AS Roma et faire venir Salvatore Sirigu de Palerme en Ligue 1.

Enfin, le club s’autorise ses premières folies lors de l’été 2011 puis à la mi-saison 2011-2012 pour marquer ses ambitions et envoyer un message à l’Europe. Avec l’acquisition du délicieux Javier Pastore pour 42 millions d’euros dans premier temps, puis la venue sur son banc de Carlo Ancelotti à la mi-saison au détriment d’Antoine Kombouaré (alors champion d’automne à la trêve hivernale), le PSG se fait remarquer. A l’issue de cette saison, et malgré une saison sans trophée, le PSG retrouve la plus grande des compétitions européennes et le projet gagne donc en attractivité. L’été 2012 sera celui où le PSG change définitivement de dimension. L’été où Paris recrute ses premières stars. L’été où Paris attire l’un des meilleurs défenseurs du monde à l’époque, si ce n’est le meilleur à cette époque : Thiago Silva, O Monstro.
Thiago Silva, o monstro e o capitão
Débauché de l’AC Milan pour 42 millions d’euros, Thiago Silva arrive à Paris le 14 juillet 2012. Impressionnant dès son arrivée, justifiant son statut de meilleur défenseur de monde avec une classe et une élégance rarement vue chez un défenseur central, Carlo Ancelotti confie à Thiago Silva le brassard de capitaine seulement 3 mois après son arrivée au club et un refus de Zlatan Ibrahimović de le porter de manière permanente. Le brassard ne le quittera plus jusqu’à la fin de son aventure parisienne. Sa première saison sous les couleurs Rouge et Bleue est un sans-faute avec en point d’orgue la double-confrontation face à Barcelone en quarts de finale de Ligue des Champions. Une confrontation de très haute volée malgré une élimination sans perdre (et même à deux doigts d’arracher une demi-finale de C1). Une saison pleine d’espoirs européens et demandant confirmation, ponctuée par l’obtention de son premier titre de champion de France, le troisième de l’histoire du club.
L’été 2013 est particulièrement agité pour celui qui est alors devenu le capitaine de la Seleção, avec les approches répétées du FC Barcelone. Malgré celles-ci, à la fin de l’été, le capitaine parisien prolonge son bail d’un an jusqu’en 2018. La saison 2013-2014 est celle de la confirmation dans un contexte particulier : la Coupe du Monde au Brésil à la fin de saison. O Monstro impressionne toujours durant cette saison où il continue de délivrer des prestations d’un très haut standing aux échelles nationales et européennes malgré la désillusion en quarts de finale de Ligue des Champions à Stamford Bridge. Avec une deuxième Ligue 1 consécutive et une Coupe de la Ligue gagnée en battant l’Olympique Lyonnais en finale, Thiago Silva rentre chez lui pour y disputer le mondial en tant que capitaine.

La coupe du monde étant organisée sur ses terres, et le peuple attendant de vaincre les démons qui les hantent à domicile depuis la tragédie du Maracanaço de 1950, les brésiliens portent beaucoup d’espoirs de coudre une 6ème étoile sur le maillot Auriverde. Cette compétition, dont le Brésil fait office favori ayant remporté la Coupe des Confédérations un an plus tôt, sera un tournant dans la carrière de Thiago Silva et de l’image qu’il renvoie au grand public. La séance de tirs aux buts face au Chili sera le début d’un long calvaire pour le capitaine brésilien. Au terme d’un match des plus serrés et tendus, Thiago Silva se mettra à l’écart du groupe lors de la séance de pénalty. Une image qui écorne la sérénité et le calme froid qu’il a l’habitude de dégager et met en lumière sa sensibilité et ses émotions. Le Brésil s’en sort sans son capitaine, ce qui lui vaudra les foudres de la presse internationale. Ses larmes de soulagement, et conscient d’avoir frisé un drame national (sans connaitre le drame allemand à venir), le capitaine est déchu même s’il conserve le brassard de capitaine jusqu’au bout de la compétition.
Le match d’après face à la Colombie définit le paradoxe Silva. Un match serein et propre défensivement, une contribution offensive notoire puisqu’il ouvre le score dès la septième minute de jeu et on ne peut s’empêcher alors de penser qu’il répond aux critiques avec son but. Le seul bémol de sa partie reste cet empêchement de relance de la part du gardien colombien David Ospina, qui lui vaudra un carton jaune et de facto une suspension en demi-finale. Il assistera des tribunes à la bourrasque allemande qui aura détruit et éteint le Brésil en à peine trente minutes.

Au retour de la Coupe du Monde, Capitaine Silva est traumatisé par cette sortie brutale. Cette Coupe du Monde est celle qui l’a vu être descendu par l’ensemble de la presse internationale, et le joueur entre dans une phase où il est clairement moins bon. L’habituel roc défensif parisien, le capital sérénité du PSG, l’assurance tous risques de cette équipe, est fébrile pendant toute la première partie de saison 2014-2015. Dans une campagne où un flamboyant Olympique de Marseille version Bielsa et un Olympique Lyonnais ont démarré pied au plancher la saison, une course à trois s’engage pour le titre national.
Cette année-là, le PSG réalise un sprint final qui lui permet d’assurer son troisième titre de champion de France consécutif, et verra même le Paris Saint-Germain réaliser un quadruplé jamais vu dans l’histoire du football français. Un exercice de haute volée qui les a vus rafler tous les titres nationaux, malgré une élimination logique en quarts de finale de Ligue des Champions contre un FC Barcelone quasiment injouable cette saison. Blessé au bout de vingt minutes lors du quart de final aller contre le club catalan, Thiago Silva prendra à peine part à l’élimination de son club. Mais si l’élimination est inéluctable, le PSG marque au fer rouge cette saison européenne avec l’un des plus gros exploits de l’ère QSI en Ligue des Champions.

La campagne européenne 2014-2015 sera marquée par UN match. Un match gravé à jamais dans la mémoire des supporters : le huitième de finale retour à Stamford Bridge. Un match rocambolesque avec des rebondissements incessants. Du carton rouge grotesque d’Ibrahimović à la prolongation arrachée à la dernière seconde sur une tête rageuse de David Luiz, en passant par le loupé de Cavani après avoir éliminé Courtois, ce match était déjà riche en rebondissements. Mais Silva a décidé de rajouter un peu de dramaturgie en exprimant une nouvelle fois le paradoxe qui le définit : il concède un pénalty d’une main invraisemblable avant de qualifier son équipe d’une tête en cloche en capitaine courage à la cent-treizième minute. Dans la lignée d’une domination outrancière sur la scène nationale, la saison 2015-2016 démarre sous les meilleurs auspices. Paris marche sur la Ligue 1 et décroche un nouveau quadruplé. L’effectif de cette saison 2015-2016 était considéré (et l’est toujours pour beaucoup de supporters) comme le plus complet de l’ère QSI. Les espoirs européens étaient donc élevés et la désillusion fut grande après l’élimination face à Manchester City. Silva aura été le meilleur parisien de cette double-confrontation et le seul réellement à la hauteur de l’évènement. A ce moment là, il a manqué 10 autres Thiago Silva…
La saison 2016-2017 sera marquée par la perte du titre de champion de France au profit de Monaco mais surtout par la Remontada. Après une phase de groupe peu glorieuse qui voit les parisiens réaliser deux nuls face à Arsenal, mais surtout un autre face à Ludogorets au Parc des Princes privant le PSG de la première place du groupe, le PSG tire le Barca et sa virevoltante MSN. Peu de personnes croient alors à une qualification face à l’ogre catalan au vu du début de saison parisien. Ajoutons à cela le forfait de Silva la veille du match et le fait que son suppléant n’ait pas encore une minute de jeu en Ligue des Champions, Paris est donné perdant d’avance. Mais ce suppléant, Kimpembe, est exceptionnel à l’image de toute l’équipe parisienne. Insouciante, tranchante et vive, la formation rouge et bleue marche sur les catalans. Deux buts en première période et deux autres buts en seconde : Paris est (censé être) en quarts. L’Europe est dithyrambique vis-à-vis de la formation parisienne et des choix gagnants d’Emery et la voit comme un prétendant sérieux au titre.

Malgré les louanges des médias, le PSG n’est pas au bout de ses peines. Entre un Neymar plaçant sa foi en Dieu et un Luis Enrique fermement convaincu que si Paris a mis quatre buts, ses hommes peuvent en mettre six, c’est dans une ambiance des plus étranges que le huitième de final retour prend place au Camp Nou. Une nuit tristement célèbre, une atmosphère mêlant incrédulité, impuissance, frustration, espoir et désillusion. On passera sur le match et sur le scandale arbitral. Silva est titulaire pour ce match retour reléguant l’excellent Kimpembe du match aller sur le banc. Incapable de rassurer son équipe qui n’enchaîne pas trois passes, incapable de remonter son bloc défensif face à la pression barcelonaise et incapable d’être le leader que Paris attendait, son équipe se fait concasser pendant 95 minutes avant de subir l’ultime coup… Silva est une nouvelle fois considéré comme principal responsable de cette débâcle. À tort ou à raison ? Je ne me prononcerai pas, n’ayant jamais eu le courage de revivre cette sombre soirée du 8 mars 2017. Ce match va une nouvelle fois atteindre l’image de Silva et ébranler ses capacités de leadership. Une triste fin de championnat s’en suit, et malgré une Coupe de France et une Coupe de la Ligue gagnée cette saison-là, la déroute en terre catalane sonne l’heure du changement à Paris.
La saison suivante, le PSG est arrivé au second stade du lancement de son projet en réalisant un mercato estival sans précédent. Comme un coup de poing sur la table pour envoyer un message à toute l’Europe : non, la Remontada n’a en rien remis en question l’engagement qatari. Au contraire, il a réveillé le volcan qui sommeillait. 222 millions d’euros pour Neymar et 180 millions sur Mbappé et le PSG se rachète une ambition, se rachète le droit de rêver plus grand. La saison démarre tambours battants avec des victoires en Ligue 1 mais surtout en Ligue des Champions : cinq buts à zéro au Celtic Park, trois buts à zéro au Parc face au Bayern (avec une grosse prestation de Silva), quatre buts à zéro contre Anderlecht, sept buts à un au Parc face au Celtic, cinq buts à zéro face à Anderlecht mais une défaite alarmante trois buts à un en terre allemande contre un Bayern Munich à 50%. Le PSG tire alors en huitièmes de finale un Real Madrid double-tenant du titre mais en grande difficulté en championnat.

Le PSG s’avance presque comme le favori de cette double-confrontation. Double-confrontation à laquelle Silva ne prendra pas totalement part, ne jouant pas le match aller. Emery tente alors un coup en alignant la charnière Kimpembe-Marquinhos, charnière à la base du succès face à Barcelone un an plus tôt. Paris fait un bon match en se procurant les meilleures occasions quand le Real fait preuve d’un réalisme froid : un penalty avant la mi-temps puis un but du genou et une frappe contrée dans les 10 dernières minutes terrassent Paris et le condamnent à l’exploit au retour au Parc. Match retour qui verra s’illustrer Thiago Silva, auteur d’une grande performance défensive mais Paris est éliminé sans avoir pu rendre le match aussi explosif que l’atmosphère dans les tribunes. Le club de la capitale réalisera le quadruplé sur le plan national en restant frustré en Europe.
En 2018-2019, Silva réalise une très belle saison quand le PSG réalise peut-être la pire de l’ère QSI. Il effectue une bonne phase de poules de Ligue des Champions avec comme point d’orgue la victoire qualificative et synonyme de première place face à Liverpool au Parc. Lorsque Paris se fait balader à Anfield, il est le seul à tenir son niveau. Malgré tout, cette phase est entachée d’une erreur à Naples qui permet l’égalisation d’Insigne. Paris se qualifie donc en huitièmes de finale. Dans le même temps, la formation parisienne roule sur la Ligue 1 et réalise donc un début de saison parfait, malgré une sortie prématurée en Coupe de la Ligue. Tous les voyants sont au vert (d’un point de vue sportif) quand Paris s’avance vers Old Trafford. United a alors clairement repris des couleurs par rapport au moment du tirage et enchaîne les victoires en Premier League. Dans le même temps, Paris fait face à sa traditionnelle vague de blessures en perdant surtout Neymar et Cavani. Paris tiendra quand même son rang avec une victoire sereine deux buts à zéro et une nouvelle belle performance de Silva.

Pour ce qui est du match retour, celui-ci mettra au grand jour les défaillances de Silva en termes de leadership. Une image reste surtout en tête : alors que Paris est revenu à un partout sur une réalisation de Juan Bernat, Dani Alves et Thiago Silva sont en désaccord et les voix s’élèvent. Les deux joueurs ont des points de vue divergents quant à la tournure à donner au match : Silva souhaite continuer d’aller de l’avant en connaissance de cause et ne voulant pas reproduire la même erreur qu’au Camp Nou, quand Alves préfère calmer le jeu. Une scène surréaliste qui met en exergue les soucis de leadership de Silva. La suite est tristement connue de tous. Paris est une nouvelle fois éliminé de sa chimère européenne. Mais le massacre ne s’arrête pas là, les défaites s’enchaînent en championnat quand Silva est blessé et le tout se ponctue par une finale de Coupe de France perdue.
Profil et bilan d’une légende
Alors se pose maintenant la question du bilan. Que retenir de Thiago Silva au Paris-Saint-Germain ? Au moment de commencer à écrire cette partie qui va conclure l’ère Silva (du moins à mon échelle), les larmes montent : dire au revoir à un capitaine depuis 8 ans ce n’est pas facile. Oui, son départ m’émeut. Comme si la réalité venait de me rattraper et que je venais de me rendre compte que je ne verrai peut-être plus que 3 à 5 fois (rêvons un peu…) Thiago Silva sous nos couleurs. Je me dis qu’il est finalement normal face à cet immense joueur, si talentueux, si complexe et si émotif d’éprouver ce type de sentiments. Je regarde aussi cette histoire avec un goût amer, une déception. La déception de voir que malgré sa formidable aventure chez nous, qui n’avait d’ailleurs pas idéalement commencé puisqu’il ne voulait pas rejoindre nos couleurs, son parcours n’est pas considéré à sa juste valeur.

Pourquoi peut-on se le demander ? Tout d’abord, sa carrière est résumée pour beaucoup de personnes à 3 matchs sur lesquels je me suis attardé précédemment : Brésil-Chili, la Remontada, le retour face à Manchester. Un destin tragique finalement. Quand on observe le nombre de grandes performances de Silva dans les grands matchs au fil des ans, le voir jugé sur 3 matchs en un peu plus de 15 ans de carrière, c’est incompréhensible, je dirais même que c’est injuste voir scandaleux. C’est incompréhensible car Silva c’est bien plus que ça. Silva c’est l’élégance, la lecture du jeu, l’anticipation, la justesse technique et l’intelligence. Silva fait indéniablement partie de la caste des plus grands. Comprenez-moi bien, je parle de la caste des défenseurs gracieux et efficace. Adoubé par le plus digne représentant de cette caste, Paolo Maldini qui dira : « C’est un compliment d’être comparé à Thiago Silva. Il n’a pas de concurrence actuellement, il est de loin le meilleur défenseur du monde ». Il est ce genre de grands joueurs qu’il est fascinant de fixer pour suivre chacun de ses mouvements, chacune de ses actions, chacun de ses replacements. Plusieurs fois je me suis surpris à le faire au Parc et à chaque fois j’étais impressionné. C’est le genre de choses qui ne sont pas visibles sur sa télé mais qui existent, ça relève de l’invisible.
Mais tout ça ne suffit apparemment pas. Pour l’essentiel d’entre vous, Thiago Silva ne se résume qu’à être une pleureuse ? Thiago Silva n’est pas un leader ? Ces réflexions m’ont toujours dépassé. Oui, il a craqué durant cette séance de tirs au but face au Chili. Il savait que son équipe avait frôlé le drame national, que le ciel s’apprêtait à tomber sur la tête du Brésil et a craqué. Peut-on lui en vouloir ? Je ne le pense pas. A entendre certains, le football se résume à la rage, à l’agressivité, à la combativité, à la persévérance. Mais le foot, pour les supporters comme pour les joueurs, c’est aussi de l’émotion, des pleurs, des sentiments, de l’espoir, puis du désespoir. Thiago Silva est un exemple de professionnalisme, mais également un réel rappel sur un point qui échappe à beaucoup : la dimension humaine du football. Loin d’être des machines, qu’ils soient nos idoles, nos exemples ou autre sujet d’admiration ou de détestation, vous, moi, eux les joueurs professionnels : nous sommes tous confrontés à nos émotions lorsque l’on joue ou regarde un match de foot et les réactions divergeront autant de fois qu’il existe d’êtres humains face à une situation donnée.

Thiago Silva c’est aussi l’histoire de quelqu’un qui revient de loin. Un joueur qui n’a pas eu un début de carrière facile et qui a eu du mal à percer. Un homme qui aurait pu/dû dire adieu au football après avoir contracté la tuberculose alors qu’il évoluait au Dynamo Moscou. Un homme marqué donc qui a traversé des épreuves que peu d’entre nous peuvent assimiler. Ces événements ont certainement rendu encore un peu plus émotif cet homme déjà assez sobre, simple presque lambda. Ce qui a finalement beaucoup été remis en question durant son aventure parisienne et son capitanat. Ancelotti, Blanc, Emery et Tuchel avaient-ils tous eu tort de faire du brésilien un capitaine ? Non, bien sûr que non. Silva est un joueur exemplaire, un joueur sobre qui ne fait pas de vague et dont l’éthique de travail est irréprochable. Voilà la raison pour laquelle même un Zlatan a préféré aiguiller le choix d’Ancelotti pour le capitanat sur Thiago Silva (en s’engageant à l’épauler dans son capitanat). J’en conviens que le leadership de Silva n’est pas exceptionnel, mais il reste malgré tout un patron. Patron de sa défense, leader de son équipe et dont l’absence fait résonner bien souvent cette dimension mentale et morale non-négligeable de Thiago Silva.
De quoi sera faite la suite pour Capitaine Silva ? Je ne pense pas que lui-même le sache. Une prolongation de son aventure parisienne a toujours été sa seule priorité. Mais Léonardo a choisi autrement, à tort ou à raison ? Nous le saurons à la fin du mercato. Le raisonnement se comprend, tourner la page en disant au revoir aux deux grandes recrues du début du projet. Dire au maître de laisser la place aux élèves Marquinhos et Kimpembe qui ont bien eu le temps d’observer O’Monstro. On parle dO’Monstro en Angleterre, à Tottenham ou à Everton notamment (qui lui permettrait de retrouver Il Mister Ancelotti), peut-être d’un retour à Flamengo, le club où il s’est révélé. Quoi qu’il arrive, une chose est certaine : Silva continuera sa carrière pour essayer de raccrocher le train pour la Coupe du Monde 2022 au Qatar.

Mais avant que la nuit ne tombe sur l’aventure Rouge et Bleue de Silva, il lui reste 3 à 5 matchs à jouer : deux finales de coupes nationales et un quart de finale de Ligue des Champions. Mais il est surtout à 3 matchs de parachever son aventure parisienne. A 3 matchs de réaliser ce pourquoi il était venu : mettre Paris sur le toit de l’Europe. 3 matchs pour faire de cette fin de parcours un magnifique crépuscule. 3 matchs pour rentrer encore plus dans l’histoire et dans nos cœurs. 3 matchs pour nous faire pleurer une ultime fois. Mais quoi qu’il arrive : merci pour tout Capitaine Silva.
Un hommage de sufferwithpsg, supporter du Paris Saint-Germain
(Retranscrit par Abdou lad)